Portrait

Sophie de Turkheim, la voile contre vents et marées

Championne de voile

Elle a le mental et la simplicité des sportifs de haut niveau. C’est une guerrière qui aime prendre des risques et se relever encore et toujours, surtout quand les obstacles et l’adversité se mettent en travers de sa route. Sophie de Turckheim est une athlète de l’équipe de France de voile olympique. Une grande championne qui a débuté la voile à 7 ans en Martinique.

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En 1996, elle a 15 ans quand sa famille s’installe à Antibes et qu’elle devient licenciée du Yacht Club puis de la SRA avant d’intégrer le pôle France du Creps en 2000. “Mes racines c’est ici. Les remparts, la vieille ville, le tour du Cap à vélo et le plan d’eau d’Antibes avec des conditions de navigation souvent difficiles. En fait, lorsqu’on apprend à naviguer ici, le reste après c’est plus simple…”.
Quatre fois championne de France Jeune en “Laser Radial”, un petit dériveur solitaire, elle gagne les internationaux de France en 1997 puis en Finlande, le championnat du monde Junior en 1999. Après 2 saisons sur “Europe», elle revient, en 2004, à son support fétiche sur lequel elle navigue au sein de l’équipe de France jusqu’en 2012. Sophie remporte de nombreux titres sur le circuit international Elite, dont les “Jeux Méditerranéens” et plusieurs “Semaines Olympiques”.
Ces bons résultats lui permettent de se classer parmi les meilleures mondiales et d’obtenir en tant qu’athlète de haut niveau un poste de second maître dans la Marine Nationale.

2012, l'année où tout bascule
2012, c’est l’année des JO de Londres. Un plan d’eau sur lequel Sophie a l’habitude de performer. Elle le sait, elle le sent, les Jeux, cette fois, c’est pour elle. Sur les régates qui comptent pour la sélection (World Cup d’Hyères et championnat du monde en Allemagne) elle se place bien. “Mais voilà, le courant ne passait pas du tout avec l’entraîneur imposé par la Fédé. Alors j’ai fait trois mois de préparation en serrant les dents…”. Le couperet tombe : Mathématiquement, Sophie est sélectionnée, politiquement la Fédération lui en préfère une autre. À l’époque dépitée elle écrit sur son blog : “pour le moment je vais ranger mon laser et profiter des vacances d’été pour
décompresser…”.
En réalité au fond d’elle Sophie a tranché : “pour moi la voile c’était fini je ne voulais plus entendre parler d’olympisme ni de haut niveau. J’avais juste hâte de retrouver les bancs de l’école de kiné et de changer de vie…”. C’est ce moment-là que le célèbre navigateur aixois Franck Cammas choisit pour la contacter et lui proposer un nouveau défi en “Nacra 17”, une série mixte inscrite aux Jeux de Rio. “Je lui ai expliqué que pour moi la voile c’était mort… Il a fait le forcing tout l’été et a fini par me proposer de venir tester le fameux cata en Bretagne. Là, j’ai craqué, nouveau support, nouveau défi, j’ai dit OK…”

Rebondir encore et toujours
En “Nacra 17” avec Franck, ils font champions de France Elite, 6e au championnat d’Europe en 2013 et 8e en 2015. Un nouveau rêve qui s’arrête brutalement en novembre dernier quand Franck se blesse grièvement à la jambe en tombant de bateau, à quelques jours de leur départ pour une préparation ultime aux États-Unis. “Là, c’est un choc terrible ! j’ai vraiment eu très peur pour lui...”. Mais la championne n’a pas dit son dernier mot. Elle décide de reprendre sa carrière en “Laser Radial” et de décrocher un ticket pour Rio 2016. “Les sélections c’était fin janvier sur la world cup de Miami. Ça faisait 3 ans que je n’étais pas montée sur un laser et la dernière journée m’a été fatale ; je suis passée de 15ème à 30ème. C’est dommage, je loupe une nouvelle fois les Jeux de peu… Je ne suis pas vraiment déçue car avec une prépa d’un mois et demi ça aurait été un vrai hold-up ! Mais ça m’a permis de rebondir et de me faire vraiment plaisir…”.
Après tous ces rebondissements, Sophie se consacre à sa formation de kiné et intervient auprès des filles espoir pour partager son expérience… Une parenthèse avant de reprendre la compétition et d’envisager Tokyo ? “Je ne vous cache pas qu’on m’a déjà fait des propositions...” .
Son envie du moment ? Rencontrer un autre grand champion antibois, le nageur Alain Bernard, pour partager leurs expériences de sportifs…
À bon entendeur