Portrait

Marco Grilli, et Juan-les-Pins créa la ski nautique

Moniteur de ski nautique

Depuis 50 ans, avec le même engouement et la même passion, Marco Grilli enseigne le ski nautique à des générations de sportifs et d’amateurs dans le chenal mythique de Juan-les-Pins où se sont déroulés les premiers championnats du monde de la discipline en 1949. Avec la modestie qui le caractérise et l’authenticité du coeur, Marco nous livre mezzo voce - à force de hurler des consignes à ses élèves, il a cassé sa voix… - son histoire exceptionnelle.

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L’histoire d’un fils de marin-pêcheur d’origine italienne, devenu champion, puis moniteur de ski nautique grâce à une passion inoxydable pour la Méditerranée dont il a fait son bureau…
Le ski nautique est né dans la baie de Juan-les-Pins dans les années 30 sur une idée du norvégien, Émile Petersen et de Léo Roman. En pleine émergence du motonautisme, et par jeu sans doute, ils ont eu l’idée un peu folle de transposer le ski de neige sur l’eau... Et comme ils étaient tous les deux des sportifs accomplis, au bout de quelques essais, ils sont parvenus à glisser sur l’eau... Le vrai engouement pour ce sport est apparu après la guerre en 1949, sur une Côte d’Azur peuplée par un tourisme d’élite. C’est à cette époque que Léo Roman relance le ski nautique à Juan-les-Pins. Parler de “Monsieur Roman” avec Marco c’est un peu comme évoquer la figure du père. C’est celui qui a su donner la chance de sa vie à un garçonnet de 9 ans qui, chaque jour, depuis la plage assistait aux cours de ski nautique prodigués par le maître...
“C’était un grand sportif. Il avait été boxeur, maître-nageur, danseur mondain. C’était un homme très charismatique. C’est lui qui a inventé le ski nautique et fait connaître le nom de Juan-les-Pins dans le monde entier. Il était entouré d’une équipe, dont mon père Marc, qui pilotait les bateaux de ski nautique en été et pêchait en hiver...” se souvient Marco avec émotion.

Les yeux rivés sur le large
“Je restais toute la journée sur la plage les yeux rivés vers le large, rempli d’admiration pour ce spectacle extraordinaire. À 9 ans, les dés étaient jetés, je  savais déjà que je serai moniteur de ski nautique. À l’époque, dans les années 60, le port Gallice n’existait pas encore, on rentrait les bateaux au port de Golfe-Juan. C’était le seul moment où mon père m’autorisait à faire du ski... Mais pour éviter de gaspiller l’essence j’avais interdiction de tomber. Alors, la première fois, je me suis accroché comme un fou au palonnier et à la dernière bouée j’ai lâché la corde... J’avais rempli le contrat !”
“En fait - remarque Marco - ce qu’on a le plus de mal à obtenir, en général, c’est ce qu’on a le plus envie de faire ! Moi j’étais confronté à des gens qui skiaient et je m’imprégnais de leur façon de faire... C’était vraiment la grande époque. Mme Gould, la femme du célèbre homme d’affaires américain, avait acheté un bateau pour entraîner les champions du club de Juan-les-Pins. Philippe Logut, champion du monde en 1963, Jean-Jacques Potier, Jean-Marie Muller, Maxime Vazeille, Béatrice Martelly, ils raflaient tous les titres à travers le monde... Un chantier naval installé à Golfe-Juan fabriquait même des skis sur mesure de la marque “Toche & Lahuppe”. C’est aussi l’époque où les stars venaient skier à Juan. “Je me souviens de Michèle Morgan très élégante au bout du ponton... Gamin, Monsieur Roman me demandait d’apporter les skis à ses célèbres clients et de les aider à chausser... J’étais une sorte de jeune assistant... Quelle époque ! Dans la baie de Juan il y avait encore 2 slaloms et 2 tremplins”.

À 17 ans, Marco quitte l’école et se lance dans la compétition. Son plus beau titre ? 3e au Championnat d’Europe de slalom en Italie en 1969. Quel symbole pour ce fils de pêcheur !
“Pour moi, c’était mieux que de réaliser un rêve ! Vous n’imaginez même pas comment je me suis accroché pour en arriver là. Mon père m’a dit : “J’espère que ça t’a plu car on ne va pas pouvoir financer une carrière de champion“. Je me suis arrêté là et je me suis orienté vers le monitorat de ski nautique”.
Cela fait presque 50 ans que Marco enseigne le ski dans la baie de Juan. “Parfois, j’ai appris le ski à 3 générations de la même famille en 6 langues différentes ! Des Hollandais, des Russes, des Américains, des Iraniens, des Italiens, des gens du monde entier. Ici, on a privilégié un ski nautique de loisir, mais de loisir technique. Aussi quand on repère un jeune avec de vraies aptitudes on le pousse vers la compétition. Il faut dire que le plan d’eau de Juan est un peu capricieux, et cela nous donne un petit avantage sur les sportifs qui s’entraînent sur les lacs…”
Le “Belles Rives Ski Nautique” dont Marco est président et Marianne Estène Chauvin (présidente du groupe Belles Rives) la marraine a d’ailleurs décelé plusieurs champions. Parmi eux, Franck Desboyeaux, champion du monde des moins de 21 ans. “En 50 ans - nous confie Marco - je ne me suis jamais lassé une seule fois de ce métier. Je crois que je suis né pour vivre cette vie-là, à cet endroit-là. Et si c’était à refaire, je le referais 100 000 fois !”

Le spectacle est sur l'eau
Le “Belles Rives Ski nautique club” participe aux Fêtes de la Saint-Pierre le 3 juillet avec un show nautique entre le “Belles Rives” et le ponton Courbet. Rendez-vous également pour le défilé sur l’eau du 14 juillet aux drapeaux et aux flambeaux. Le challenge Marc Grilli en hommage au père de Marco est organisé le 22 août. En octobre se tient “la coupe du Belles Rives”, une compétition de figures.
Et pour les fêtes de fin d’année, c’est Marco qui, déguisé en Père Noël, accoste sur la plage de Juan..