Commémoration, Événements, Patrimoine
Il y a 80 ans, soufflait un vent de Liberté
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Le 24 août 1944, Jour J de la Libération d’Antibes
Depuis le 8 septembre 1943, Antibes est occupée par les troupes allemandes. Mais en ce mois d’août 1944, alors qu’une chaleur estivale plombe la ville, le vent de la victoire se met à souffler. Le 15 août, les forces Alliées de la coalition ont débarqué sur les côtes de Provence et les troupes américaines progressent en direction du bassin antibois. L’oreille collée à leur poste radio, les 18 000 Antibois qui peuplent encore la cité après de nombreuses évacuations, suivent les développements sur les émissions de radio nationales transmises depuis La Brague.
« ... Le moral des troupes d’occupation est au plus bas.Les Allemands ont fait sauter la plus grande partie du port d’Antibes dans la nuit du 20 au 21 août 1944. L’opération a été retardée de 24 heures grâce à une coupure téléphonique exécutée la veille par la Résistance. Dans l’aprèsmidi du 23 août, c’est le phare de la Garoupe qui est détruit par les Allemands, emportant avec lui plus de 100 ans d’histoire ». « Alors que l’explosion résonnait dans la baie de Salis, les pêcheurs locaux ont levé les yeux de leurs cannes à pêche et ont regardé le principal phare de leur ville s’incliner et s’effondrer... »
Cette destruction spectaculaire et symbolique du phare d’Antibes précède de quelques heures le reflux des Allemands en direction de Nice et les heures de la Libération d’Antibes. Sur le terrain de la Résistance, le capitaine de réserve, Auguste Vérine, alias « Gustel » est à la tête du réseau des FFI d’Antibes.
Le 24 août 1944, avec ses hommes, il attaque les dernières troupes allemandes stationnées sur son secteur. Par cette action, et celle de 300 patriotes des groupes d’action locaux, il est le principal artisan de la Libération de notre ville, capturant plus de 200 soldats allemands qui furent remis à l’armée américaine. C’est lui également qui installe le Comité de Libération à la mairie d’Antibes.
Les Résistants racontent le 24 août 1944
Les Archives Municipales recèlent un document passionnant daté de janvier 1951.
Extraits... Obéissant aux ordres formels reçus par radio et estimant que les conditions favorables pour la Libération sont réelles, Gustel dans l’après-midi du 23 août 1944 décide de passer à l’attaque dans la journée du lendemain. Il peut compter sur un peu plus de 300 patriotes des groupes d’action à Antibes, une soixantaine à Golfe-Juan Vallauris, et une vingtaine à Biot. (...) Toutefois I’équivalent de trois compagnies allemandes stationnent aux alentours de I’Altana dans les bois des Terriers. Des postes allemands tiennent toujours les blockhaus du Cap, de Saramartel, et de la Sarrazine. (...) Pendant toute la nuit du 23 et 24 août, les Résistants s’opposent par tous les moyens à la destruction des centres vitaux de la ville (...) Le 24 août, vers 6 heures (...) Les Allemands réagissent peu ; aucune destruction systématique n’a pu être effectuée sauf, les postes de transmissions de Juan-les-Pins et de la Brague dont les pylônes gisent à terre. (....) Les groupes chargés de mener l’action sont prêts à partir dans toutes les directions et dans les secteurs qui leur ont été attribués. (...) Lorsque les premiers brassards tricolores officiels avec timbre et Croix de Lorraine apparaissent, ils sont acclamés avec ferveur par la population. La ville commence à pavoiser et à prendre un air de fête. La foule réclame la prise de la mairie. La plupart des membres du Comité de Libération sont aussi de cet avis. (...) Gustel acquiesce.
C’est au chant de la Marseillaise qu’un long cortège se forme et arrive à la mairie, Gustel suivi des membres du C.D.L. fait ouvrir les portes de la mairie sans aucune difficulté d’ailleurs et se présente au maire : « Monsieur le maire, jesuis le chef des Forces Françaises de l’Intérieur désigné par les chefs responsables du comité d’ Alger » (...) Après avoir installé les membres du Comité de Libération, Gustel, se rend à la Poste centrale où il a décidé d’établir son poste de commandement et organise la Libération selon les plans conçus dans la clandestinité en voulant éviter que l’insurrection ne tourne à l’émeute (...).
- À midi, aucune formation militaire allemande ne manifeste sa présence sur le territoire. De nombreux soldats prisonniers sont entre nos mains, les autres se sont retirés vers Vaugrenier et les Aspres. Tous les F.F.I. et aussi beaucoup de volontaires sont armés avec des grenades et quelques armes récupérées sur les prisonniers ainsi que dans les blockhaus et dépôts abandonnés (...). Les quelques rares officiers et militaires allemands se terrent dans le blockhaus du Cap non encore visité. Ils seront capturés. Aucune destruction systématique d’ouvrages d’art sur route ou voie ferrée n’avait été exécutée(...) Seul le pont de la Valmasque avait sauté (...). En ville, la population se livrait à la joie de sa libération. Au P.C. des F.F.I., on commençait à s’organiser dans le calme quand des nouvelles parvinrent à Gustel. Des renseignements successifs et sûrs indiquaient un retour offensif des Allemands vers Antibes et Biot (...).
- Vers 14 heures une camionnette chargée de miliciens venant de Nice à toute vitesse faillit sauter sur le champ de mines placé sur la route nationale, en face de la gare de Biot. Elle fait demi-tour avant que les F.F.I. de Biot en surveillance à cet endroit ne puissent intervenir. Une demi-heure après, une forte patrouille allemande précédant elle-même d’autres éléments ennemis déboucha vers la Bonne Auberge, est accueillie par des coups de feu. À leur tour, les mitraillettes allemandes crépitent et quelques-uns d’entre eux réoccupent un blockhaus. Des renforts F.F.I. arrivent. Très mal armés, ils sont constitués en trois groupes et s’élancent en avant. Avec courage et témérité, malgré les pertes qu’ils subissent, ils repoussent les Allemands vers Villeneuve-Loubet. Dans le blockhaus ils sont encerclés. Ils se rendent après la mort d’un de leur camarade. (...) Le troisième groupe F.F.I. prend charge de nettoyer la plaine de la Brague. Tout est fouillé, visité quant à la hauteur du « Logis de Bruneau », il opère sa jonction avec un groupe de F.F.I.de Biot. (...)
- À 18 heures, une estafette vient annoncer que les premiers éléments de l’armée américaine arrivent à Antibes. À nouveau la ville entière se recouvre de drapeaux. Toute la population accourt en hâte sur le passage des Américains et les y acclame. Un fort détachement de parachutistes américains accompagnés de quelques chars de combat entrent dans la ville et ses éléments avancés prennent position à la Brague. Le colonel qui les commande installe son P.C. à l’ancienne « Casa Italia » en lieu et place des fascistes italiens.
- Pendant la nuit du 25 au 26 août Antibes est soumise à un assez violent tir d’artillerie de petit calibre provenant d’une batterie installée dans les environs de Villeneuve-Loubet. Seuls des dégâts matériels seront causés à la ville. Ce tir était réglé par émissions de fumées parties d’Antibes. Ce sera le premier bombardement de la guerre qu’aura subi Antibes.
Sources : extrait des « Cahiers de la Méditerranée », numéro thématique sur la Libération des Alpes-Maritimes. Service historique de la Défense, 16 P 590 064 (Auteur : Fabrice Bourrée). Ouvrage collectif par l’Union des Anciens de la Résistance d’Antibes « Historique de la Libération d’Antibes », 1951. Archives et photos collection Maison du Combattant Antibes et Fonds photographique des Archives municipales. Portrait Auguste Verine chef des résistants FFi : © Service historique de la Défense, 16 P 590 064 Droits réservés. Brassard des FFI musée de la Résistance en ligne.
Voyages de Français Libres 1939-1945
À l’occasion des 80 ans de la Libération, le Comité d’Antibes du Souvenir Français, qui a pour vocation d’honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la France, rend hommage à quatre grands Résistants au travers d’une exposition montée avec la participation de deux associations mémorielles : Special Force Memory et Madelon Bleu Azur.
Cette exposition raconte comment quatre hommes ordinaires ont bouleversé leur existence pour la France et pour notre Liberté. Elle est constituée de témoignages photographiques et documentaires prêtés par les familles de Jean-Paul Cote dit Maufroy, né en 1921 en Haute-Saône, Louis Fauri né en 1918 au Maroc, Jacques Fressin né en 1920 en région parisienne ou par lui-même pour ce qui est de René Heren né en 1927 en Lorraine.
Aujourd’hui âgé de 97 ans, il est l’un des trois derniers Résistants du Vercors. L’exposition a reçu la labellisation nationale au titre du 80° anniversaire de la Libération. Infos + exposition du 20 au 28 août, salle du 8-mai, de 16 à 21h
Hommage au Résitant Émile Gente
Lors de la Journée Nationale de la Résistance, la municipalité, les représentants des anciens combattants et la population se sont rassemblés sur la place des Martyrs de la Résistance où le monument dessiné par l’architecte Jean-Michel Wilmotte et symbolisant les trois piliers de notre République a été inauguré. Sur le marbre blanc est gravé un extrait du premier poème clandestin d’Aragon « Ballade de celui qui chanta dans les supplices » : « Et si c’était à refaire, je referai ce chemin la voix qui monte des fers parle aux hommes de demain ».
Ce même jour, un hommage a été rendu à Émile Gente, héros de la Résistance contre l’oppresseur nazi et rescapé du camp de Buchenwald. Décoré de la Légion d’Honneur pour sa bravoure, Émile Gente restera à jamais une figure d’Antibes.
Il a été élu conseiller municipal de 1983 à 1989. Une nouvelle place porte désormais son nom au coeur du quartier de Marenda-Lacan. Cette plaque apposée est un trait d’union avec les nouvelles générations pour ne jamais oublier le sacrifice, le courage et les valeurs de ces hommes et ces femmes qui, un jour, ont choisi le camp de la Liberté, de l’Héroïsme et de la France.
« Paroles d’Antibois » Archives orales : des témoignages pour l’Histoire
En 2019, la Ville d’Antibes et les Archives Municipales ont réalisé un travail exceptionnel autour des mémoires de guerre des Antibois. Huit témoins, dont deux femmes, ont accepté, pour le devoir de mémoire, de laisser une trace orale de leur vécu, de leurs souvenirs de la période de la Seconde Guerre Mondiale.
Des témoignages individuels souvent très émouvants qui sont à votre disposition pour comprendre le passé. La plupart de ces témoins nous ont depuis quittés... et c’est aussi un hommage que nous leur rendons. « Ces sources premières sont les matériaux bruts avec lesquels l’historien construit son analyse et son récit. Les archives orales ne sont ni moins, ni plus objectives que les autres, les écrits ou les images.
Dans cet exercice exigeant, le chercheur en histoire contemporaine estime l’objectivité à l’aune de la sincérité » nous confiait Alain Bottaro, auteur de ces entretiens et ancien responsable des Archives municipales d’Antibes. Prenez le temps de les entendre et de les faire entendre à vos enfants. Certains témoignages vous évoqueront, peut-être, le souvenir du récit d’un proche, un aïeul qui, un jour, se serait laissé aller à vous raconter sa guerre...
La Maison du Combattant, une institution...
Inaugurée le 8 novembre 1986, la Maison du Combattant, dans le cadre de l’UFAC (Union Française des Associations de Combattants) est une institution antiboise. En dehors de toute ingérence politique ou confessionnelle, elle accueille les Ordres nationaux et ministériels, les 20 associations patriotiques locales et met gratuitement à disposition une salle de conférence équipée, d’une capacité 50 places, des bureaux. De nombreuses conférences, accessibles à tout public sont organisées. La salle peut être mise à disposition d’associations de la ville.