Portrait
Samir Aït Saïd, le retour d'un guerrier
Gymnaste
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Il y a des jours comme ça dans la vie d’un homme où en quelques secondes tout peut basculer.
C’est la terrible expérience vécue, devant des millions de téléspectateurs, par le gymnaste antibois Samir Aït Saïd. Même les moins “accros” au sport d’entre nous ont encore en tête cette image terrible de la mauvaise réception au tapis et de la jambe du sportif qui casse et vrille sur elle-même.
“J’étais arrivé à Rio avec un vrai mental de guerrier - raconte Samir. Aucun signe avant-coureur de fatigue, zéro doute sur ma capacité à ramener une médaille. Je venais tout juste de me qualifier pour la finale”.
Pourtant, cinq minutes plus tard, c’est l’accident, bête, imprévisible. Une mauvaise réception et Samir est désaxé. Tout son poids se reporte sur sa jambe gauche qui casse et se retourne : double fracture ouverte tibia péroné.
“Je comprends tout de suite que pour moi les Jeux s’arrêtent là. Plus que la douleur, c’est la déception qui m’envahit...”. Là commence pour Samir un long et difficile trajet vers l’hôpital. “Les brancardiers m’ont fait tomber à plusieurs reprises... Un vrai calvaire... Bref, - préfère balayer le sportif d’un revers de manche - l’opération s’est bien passée...”.
Le lendemain, quand Samir se réveille dans sa chambre d’hôpital, il ne soupçonne pas encore l’impact médiatique de son accident. “J’ai trouvé normal de donner de mes nouvelles sur les réseaux sociaux. Il fallait que je soutienne mes coéquipiers qui eux étaient encore en pleine compétition. Ils ont été très forts de rester mobilisés après l’accident. Je n’avais pas fini de cliquer que j’avais déjà 100 000 vues et on a vite atteint le million… Aujourd’hui on m’arrête dans la rue, je suis contacté par des tas de gens, j’ai des propositions des toutes parts… Ce n’est jamais malveillant mais ça laisse un sentiment très bizarre d’avoir fait parler de moi pas pour les bonnes raisons…”
Fidèle à sa ville et à son club
Désormais Samir, qui n’a jamais montré de signe de faiblesse pendant toute cette aventure, aperçoit le bout du tunnel. Les longs mois de rééducation effectués à Paris à l’Institut National du Sport (INSEP) ont aussi été employés à travailler pour obtenir son diplôme de kiné, qu’il présentera en mars prochain. L’étape d’après, c’est le retour tant attendu à Antibes au début de l’été.
“L’Olympique d’Antibes Juan-les-Pins c’est mon club de coeur. Depuis que j’ai commencé la gym enfant, j’ai été formé ici et je resterai fidèle à Antibes jusqu’à la fin...”
“À 27 ans, j’ai la chance d’être assez jeune pour prétendre à une nouvelle olympiade, alors je vais me battre. Je vais être un guerrier et je vais aller aux JO pour ramener cette médaille”. Alors pour préparer 2020 dans des conditions optimales, Samir rentre à la maison…
“Je sais que mon club et ma ville vont me porter chance dans ce nouveau défi sportif !”. Son entraîneur, Rodolphe Boucher l’attend de pied ferme et sait qu’il pourra compter sur le mental hors norme de
Samir.
Reprise des entraînements en mars...