Portrait

Alexia Barrier, le dépassement de soi en partage

Navigatrice

Après 111 jours en solitaire, la navigatrice azuréenne engagée sur le mythique Vendée Globe, a renoué avec sa ville porte-bonheur et partage son aventure avec les enfants

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C’est à bord du "Pingouin", le plus ancien des monocoques IMOCA, qui compte à son actif pas moins de six participations en solitaire, qu’Alexia Barrier s’est lancée sur son premier Vendée Globe. De retour à terre, après 111 jours de mer en solitaire, la jeune navigatrice azuréenne est venue à Antibes, sa ville de coeur et partenaire de son exploit, partager son expérience hors du commun.

Un lien fort avec la Méditerranée…
Parisienne de naissance, Alexia est arrivée sur la Côte d’Azur à l’âge de 3 ans et c’est à Antibes qu’elle a débuté la voile sur le 6 mètres de ses parents basé au port Vauban avant de rejoindre le circuit plus classique des écoles de voile et du CREPS d’Antibes en équipage féminin.
«   À l’époque, je finançais une partie de mes études grâce à un job aux Voiles d’Antibes. Aujourd’hui, je me sens Méditerranéenne avant tout. C’est une mer qui donne un caractère particulier à ses paysages et à ses habitants. Un caractère ensoleillé, optimiste et enjoué dans lequel je me retrouve bien   ».

SEt un goût certain du défi pour se lancer pour la première fois dans la 9e édition du mythique Vendée Globe qui comptait seulement 6 navigatrices sur 33 participants. «   Enfant j’ai vu des images de cette course et j’ai toujours rêvé d’y participer. Elle est considérée comme la plus extrême au monde, mais pour moi elle a toujours figurée comme une évidence sur un parcours professionnel   ».
Comment tient-on seule pendant 111 jours en mer ?
«   On perd complétement la notion du temps. Chaque jour, je trouvais une petite chose qui détournait mon esprit de la solitude et me rendait heureuse. Mes proches avaient caché un tas de petits cadeaux à bord.
Un jour en pleine tempête, au pire moment de la course, juste avant d’arriver au Cap Horn, je suis tombée sur un petit vernis rouge et je me suis fait les ongles ! Ça m’a complétement fait déconnecter de la peur (elle éclate de rire !) En résumé, je n’ai vu la terre ferme qu’une fois, après 40 jours, au passage du Cap Horn mais quand je suis arrivée aux Sables d’Olonne j’avais l’impression d’être partie la veille…   »
C’est surtout, nous rapporte la navigatrice, une opportunité exceptionnelle de vivre au contact de la nature et des éléments. Les trois derniers jours ont été les plus compliqués. Alexia s’est blessée au dos lors d’une chute dans le bateau. C’est le seul moment de la course où elle a exprimé sa lassitude à voix haute.

Antibes, sa ville de coeur

Et cette saison, comme une évidence, retour à la maison pour l’arrière de 33 ans avec cette arrivée chez les Sharks.
«   J’ai toujours dit à mon agent que le seul club où je voulais revenir était Antibes alors quand l’entraîneur m’a contacté, j’ai pas hésité ! Chaque été, je revenais à Antibes car ma mère y habite toujours, ma femme estUne belle anecdote ?
« C’est arrivé le 25 décembre, après 48 jours de course. Le câble qui tient le mât du bateau a lâché et le mât a plié à 90 degrés vers l’avant… Mais un peu comme dans la fable du roseau, il n’a pas cassé ce qui m’a permis de rester dans la course... Sur ce mât
flottait le petit drapeau d’Antibes. J’ai tout de suite pensé que la Ville m’avait porté chance !   ».
Navigatrice, chef d’entreprise, Alexia est aussi à la tête de l’association «  4myplanet  » née il y a quatre ans de sa volonté de «  préserver son terrain de jeu  ». En passant 200 jours par an en mer, son bateau est devenu un outil privilégié au service de la science. Pendant le Vendée Globe, Alexia a déployé trois bouées qui apportent des données sur la salinité, l’acidification de l’océan, les températures, et les courants marins qui sont des régulateurs du climat. Ces relevés entrent ensuite dans des banques mondiales de données pour les chercheurs et les étudiants. «   J’ai ajouté un volet pédagogique à destination des enfants pour leur transmettre une leçon : dans la vie on peut faire des choses incroyables ! Pendant ma course, 20 000 élèves ont suivi mon exploit. Aujourd’hui, je vais dans les écoles, en commençant par Antibes, pour les rencontrer et répondre à toutes leurs questions   ».
Prochain rendez-vous ? La transat Jacques Vabre à la fin de l’année qui partira du Havre le 7 novembre pour arriver en Martinique et qui compte pour le Vendée Globe 2024. «   D’ici là, mon bateau va descendre des Sables d’Olonne et j’espère pouvoir le faire visiter aux enfants sur le port Vauban...   » projette Alexia.

Son palmarès
2020-21 Vendée Globe - 24e (111j 17h 03min 44s)
2019 Transat Jacques Vabre - 25e; Bermudes 1000 Race - 14e; Voiles de St Barth sur Sojana (maxi 2)
2018 Route du Rhum - Destination Guadeloupe - 15e; Monaco Globe Series - 9e