...du Fort Carré d'Antibes.
Il fait tellement partie du paysage antibois qu’il nous arrive de passer sans le voir… Et pourtant le Fort Carré, autrefois lieu hautement stratégique de la défense militaire française, recèle des secrets que vous ne soupçonniez peut-être pas...
Installé sur la presqu’île Saint-Roch, le Fort Carré est implanté à 26m au-dessus de la Méditerranée.
Au départ chapelle, puis tour de garde, cet ensemble architectural a connu de nombreux propriétaires ! Ce n’est qu’à partir de 1550 que des fortifications le transforment en la forteresse que l’on connait.
Son chemin de ronde, posé sur les hauteurs du Fort, offre une vue panoramique à 360° sur le paysage antibois et le grand large. C’est ce qui a donné l’idée aux conseillers du Roi Henri II de s’en servir comme sentinelle face au Comté ennemi de Nice. Classé Monument historique en 1906, le Fort Carré est acheté par la ville d’Antibes Juan-les-Pins en 1997 pour être ouvert au public. Mais les 20000 visiteurs qui passent chaque année entre ses murs ont-ils découvert tous ses secrets ?
5 choses que vous ne saviez peut-être pas sur le Fort Carré…
1. Fort Vauban ou pas ?
La «rumeur populaire» veut que Vauban ait imaginé la forme actuelle du Fort Carré à la fin du XVIIe siècle. Le marquis ingénieur aurait fait du Fort l’œuvre de sa vie en le transformant des pieds à la tête…
En réalité, Vauban n’a participé aux fortifications du bâtiment qu’un siècle après sa construction ! Le poste de défense d’Antibes a gardé la silhouette qui lui avait été donnée au départ, les modifications apportées par Vauban sont assez minimes. L’architecte a surtout amélioré les remparts d’Antibes dans les années 1680, pour assurer une défense plus efficace du littoral. Il avait de grands projets pour fortifier la presqu’île du Fort Carré mais il est mort avant de pouvoir les réaliser…
2. Un gouverneur en pyjama !
1592, le Fort Carré est pris. Les armées du Duc de Savoie ont envahi la Provence, et c’est le Duc d’Epernon que le Roi Henri III envoie pour reconquérir ses terres. Après moult tentatives, les troupes du Duc d’Epernon parviennent à bloquer les hommes du comté ennemi dans le Fort. On cherche une solution pour reprendre la forteresse, et miracle : on s’aperçoit qu’une brèche suffisamment large pour laisser passer des soldats a été ouverte dans les remparts ! De surcroît, l’armée du Duc de Savoie en déroute n’a pas pensé à reboucher la faille…
Par une tactique ingénieuse, le Duc d’Epernon et ses hommes réussissent à surprendre leurs adversaires le soir même. Le gouverneur au service du Duc de Savoie accourt donc, réveillé par l’alarme, et se rend sur la place d’armes. Mais dans la précipitation, il a oublié de mettre son uniforme ! La reddition restera parmi l’une des plus pittoresques : c’est encore vêtu de sa robe de nuit et de ses chaussons que le gouverneur rendra les armes…
3. Un jumeau ennemi…
Saviez-vous qu’environ deux ans après le Fort Carré, un autre fort qui lui ressemble beaucoup a vu le jour de l’autre côté de la frontière française de l’époque ! Environ 4 fois plus petit que le Fort d’Antibes il fut bâti au sommet d’un mont à 220m d’altitude. Ses murs d’enceinte ont été recouverts d’une chaux blanche pour être bien visible de loin. Son rôle ?
Impressionner l’ennemi et montrer au royaume de France que du côté du Duché de Savoie aussi on était capable de bâtir un ouvrage de fortification puissant et réputé imprenable. Vous avez deviné ? Il s’agit du Fort du Mont-Alban à Nice dont l’architecture se rapproche étrangement de celle du fort d’Antibes… Frères ennemis ?
4. Mais que fait le Fort Carré à Paris ?
Comment montrer au roi les ouvrages défensifs qui protègent les frontières de son royaume ? Le Fort Carré comme près de 260 autres maquettes fait partie d’une collection exceptionnelle de plans-reliefs des sites fortifiés. Leur rôle ? Aider le roi et son état-major à se rendre compte - sans se déplacer - de la situation réelle des places-frontières et de leur environnement, et les aider à préparer les campagnes militaires.
Cette collection unique au monde, classée monument historique depuis 1927, conserve aujourd’hui une centaine de plans-reliefs. Celui d’Antibes montre la ville en 3 dimensions sur une maquette d’environ 4,5m/3,5m et fut réalisée en 1754 sous la direction de l’ingénieur Nicolas de Nézot. A voir au musée des plans-reliefs aux Invalides.
5. Un espion se cache au Fort Carré ?!
Réputé pour sa vue panoramique, le Fort Carré est un lieu de choix pour les réalisateurs. Pour tourner des scènes sensationnelles, rien de plus efficace que les hauteurs de la colline du Fort : on survole la Mer Méditerranée avec en prime les ruelles typiques du vieil Antibes comme second plan. Ainsi, le Fort a servi de décor à plusieurs films-culte et même accueilli le plus célèbre des espions britanniques.
En 1983, l’agent secret 007 au service de sa majesté vient affronter Maximilian Largo sur sa base secrète de la Côte d’Azur dans « Jamais plus jamais ». L’espion incarné par Sir Sean Connery se rend donc au Fort Carré où il fait face à son ennemi, membre de l’organisation criminelle Spectre. À l’issue d’une bagarre spectaculaire, Bond et sa James Bond Girl nommée Domino - la splendide Kim Basinger ! - ne parviennent pas à vaincre Largo. Ils s’échappent alors du Fort Carré à cheval, et sautent dans la mer pour sauver leur peau. Que d’aventures sur la forteresse d’Antibes !
Infos pratiques
Jusqu’en octobre, le Fort Carré est ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h à 13h et de 14h à 18h.
La visite du site est accompagnée. Possibilité de visites guidées (1h30) sur réservation : Tél. 04 92 90 52 13 ou Musée du fort carré. Accès par l’avenue du 11 Novembre.
Navettes (ligne 14) de 7h à 19h toutes les 15mn - sauf dimanche et fériés - depuis la vieille ville jusqu’au parking du Fort Carré.
Parking du Fort Carré gratuit.